Avec la montée fulgurante de smartphones, des milliards d’images sont produites chaque jour. Ce qui rend la photographie très populaire, parmi les disciplines artistiques. Cependant, « les utilisateurs des smartphones ne sont pas des photographes. Un professionnel, même avec un téléphone, fait des photos pour les autres. Il les fait pour les montrer », a estimé l’enseignant et photographe Baudouin Bikoko lors d’une conférence tenue à l’occasion de la célébration le 19 août de la journée mondiale de la photographie.
« Si le photographe professionnel disparaît, l’image disparaît » aussi, a-t-il ajouté lors de cette conférence organisé à l’Académie des Beaux-arts de Kinshasa où une exposition dénommée « sur les traces du passé » est en cours.
Détenteur d’importantes et riches archives photographiques, M. Bikoko soutient que « l’histoire s’écrit maintenant, demain et après demain. Une photo devient archive tout de suite, l’histoire s’écrit a partir du moment où on a pris la photo ». Mais, ajoute-t-il, « c’est toujours plaisant de regarder une photo qui date ».

Sur les murs de la salle d’exposition, des photos prises à Kinshasa et qui datent des années du Congo belge sont affichées, la plupart sont des œuvres de Jean Depara. En noir et blanc, elles dégagent l’odeur du passé.
Savoir se vendre
La photographie est entrée en RDC par des colons vers la fin des années 1800. Parmi les précurseurs congolais de la photographie figure Antoine Freitas, Tsidibi et Samuel Lema, avec son agence Photo Less. Ils utilisaient l’appareil dit « agrandisseur » pour le traitement des photos en studio, a-t-on rappelé.
Considéré comme un des doyens du domaine de la photographie en RDC, Constantin Kuhanuka, du haut de son expérience de 38 ans au Sénat congolais, a recommandé la patience et la persévérance aux plus jeunes dans le métier.
« Quand le président Kasa-Vubu est mort, mon père avait un négatif de lui habillé en costume blanc. Nous avons vendu cette photo à des milliers d’exemplaires, cela nous a permis d’acheter une parcelle », a-t-il raconté à titre d’exemple.

Le photographe accompagne l’homme dans toutes les circonstances, de la naissance à la mort. « Quand nous sommes joyeux, on utilise la photo ; pour le baptême, c’est la photo ; le mariage, c’est toujours le photographe qui est à côté de vous », a-t-il ajouté.
Chef de département de la photo à l’Académie des Beaux-arts, Arsène Mpiana, conseille à ses pairs la promotion des œuvres photographiques à travers les réseaux sociaux. Car, estime-t-il, « il faut savoir communiquer pour mieux se vendre », notamment sur les réseaux sociaux. Jeune photo journaliste, Arsène Mpiana travaille avec des médias internationaux en qualité de pigiste et expose quelques unes de ses œuvres photographiques dans des festivals.
Emmanuel Kuzamba