Révolutionner, réécrire l’histoire, présenter d’autres facettes de la céramique ou de la peinture dans le but de sensibiliser et de conscientiser, c’est la mission que se sont donnés trois a artistes céramistes et un peintre qui présentent leurs œuvres depuis samedi 11 juin à Kinshasa dans le cadre de l’exposition « renouveau 3 ».
Les artistes céramistes et un peintre Christian Kakese, Bulembi Bulls, Stanilass Mbwanga composent la liste de ceux qui participent à l’exposition dénommée “Renouveau 3” ouverte à l’espace “Mission impossible” dans la commune de Bandalungwa et et qui se poursuit jusqu’au 16 juillet. Ces artistes présentent leurs œuvres avec un accent au design, au côté esthétique et décoratif.
Le peintre Christian Kakese a même invité, par ses œuvres, à réfléchir pour trouver des alternatives de consommer africains, ne serait-ce que pour des raisons économiques. Il a peint une toile représentant une statue traditionnelle mais avec un smartphone en main.
« C’est l’acculturation. Nous sommes dans une situation où on commence à perdre nos valeurs identitaires, on copie beaucoup plus sur la culture occidentale ou orientale », a-t-il regretté.
Dans ses autres toiles, M. Kakese a peint, de manière un peu moderne, des pièces de monnaie de l’époque du Zaïre. Voulant parler, pour ce faire, de classes sociales dans le pays qui, dit-il, reste à les extrêmes. On est soit dans la pauvreté, soit dans la richesse et pas dans la moyenne (pas de situation intermédiaire).
Immortalité

Christian Kakese participe pour la première fois à cette troisième édition de l’exposition renouveau. Il y apporte des tableaux de peinture alors qu’elle n’a connu jusqu’ici que des œuvres de céramique dans ses premières éditions, en 2019 et 2021. C’est également sa première exposition à Kinshasa depuis son retour de la Chine d’où il vient pour la suite de sa formation.
A l’entrée de la salle, une œuvre de céramique intitulé « Immortalité » retient les regards. En vitre, dans l’eau, avec un visage probablement connu, elle est faite ne céramique cuite et émaillée. A l’intérieur, le visage de Sindika Dokolo, collectionneur des œuvres d’art, décédé en octobre 2020, y est perceptible.
Son auteur, Bulembi Bulls, l’a placée dans l’eau à travers une vitre pour symboliser le lien entre le monde des vivants et celui de l’au-delà.
« J’ai représenté Sindika Dokolo pour son parcours positif et son intérêt pour notre culture. L’immortalité, c’est à travers nos actes, nos parcours sur la terre. Si tu as bien fait les choses, si tu as aidé les autres, si tu as contribué à quelque chose, tu vas rester immortel », a-t-il expliqué.
« Mission impossible studio », un nouvel espace de création

Cette exposition a marqué également la présentation d’un nouvel espace de travail des artistes qui tiennent l’initiative de l’exposition “Renouveau”. Mission impossible studio sera un atelier, espace de travail et un lieu de présentation des œuvres.
« Cet espace sera un lieu d’échange. Après l’exposition, l’endroit sera aménagé pour échanger avec des journalistes, des étudiants et ceux qui désirent discuter avec nous sur l’art, la céramique et bien d’autres », a fait savoir Stanilass Mbwanga, artiste céramiste et initiateur.
L’idée de cette création est partie du constat selon lequel les artistes travaillent mais n’ont pas d’endroits pour présenter leurs productions. Étant également enseignant à l’Académie des beaux-arts, Stanilass se voulait de donner l’exemple.
« Cet espace a été conçu pour réveiller, faire voir aux gens qu’il y a des choses que nous pouvons faire mais qui des fois semblent impossibles. Comme avoir notre propre lieu de travail et espace de présentation, dans de bonnes conditions », a-t-il ajouté.
La salle reste ouverte aux visites entre 9 h 00 et 16 h 00 pendant la semaine et sur rendez-vous pour les weekend. Elle se trouve sur l’avenue Bukaka numéro 158, dans la commune de Bandalungwa.
Emmanuel Kuzamba