Le gouvernement congolais a exprimé sa volonté de rechercher de solutions pour un retour apaisé des artistes musiciens congolais sur les scènes européennes. Perturbés ou annulés, les concerts de Fally Ipupa, Werrason ou encore Koffi Olomide et bien d’autres n’ont plus connu un déroulement paisible depuis quelques années sur le vieux continent.
Certains congolais de la diaspora surnommés « Combattants » se livrent, depuis les dernières années du régime de l’ex-président Joseph Kabila (janvier 2001- janvier 2019), à occulter les productions de leurs compatriotes, notamment en Belgique, en France ou en Angleterre, en signe d’indignation sur la situation socio-politique de la République démocratique du Congo (RDC). Même après le départ de l’ancien président du pouvoir, ces faits sont régulièrement rapportés.
Pour remédier à cette situation qui pénalise des artistes congolais, gouvernement a indiqué envisager plusieurs solution. C’est dans ce contexte que la ministre de la Culture, arts et patrimoines Catherine Kathungu Furaha est passée au sénat, lundi 11 avril, pour répondre à une question orale avec débat du sénateur Dénis Kambayi Tshimbumbu à ce sujet.
« Un véritable danger »
Dans son allocution à la chambre haute du parlement, Mme Kathungu a soulevé plusieurs points susceptibles de régulariser cette situation qui, dit-elle, est un véritable danger que son ministère et le gouvernement dans son ensemble cherche à endiguer.
Elle a notamment évoqué la régularisation du statut d’artiste, la mise en place d’un partenariat de coopération culturelle, la sensibilisation et la discussion avec les artistes et combattants sont envisagés.
« Le ministère tient à la régularisation du statut d’artiste et d’ambassadeur culturel de nos musiciens. Ce statut lie le ministère à l’obligation de les suivre et de les accompagner où qu’ils se trouvent dans le cadre de leur travail », a-t-elle déclaré devant les sénateurs.
En février 2020, les « combattants » ont violemment perturbé le concert de Fally Ipupa à Bercy, à Paris. Une cinquantaine de personnes avaient alors été placées en garde à vue et deux étaient condamnées quelques semaines plus tard par la justice française.
Discuter pour éradiquer le problème
Indignés, les artistes musiciens ont adressé un mémorandum, en octobre 2021, au président de la république dans lequel ils ont fait de leurs inquiétudes sur ce phénomène. Ils ont proposé une rencontre, sur un terrain neutre, entre le gouvernement, les artistes et ces « combattants ».
La ministre de la culture, arts et patrimoines a fait savoir que cette demande est en pleine étude. « J’ai déjà mis en place un comité qui approfondit les analyses. Très prochainement, j’inviterai les artistes musiciens pour discuter et dégager avec eux des pistes des solutions que je soumettrai au gouvernement », a-t-elle dit.
Mme Kathungu a par ailleurs indiqué que son ministère développe avec l’UNESCO, un vaste programme de sensibilisation des musiciens producteurs des œuvres qui sont protégées et au regard des combattants, savoir les avantages qu’un nouveau cadre offre comme atout.
Un nouveau partenariat de coopération culturelle
Dans un autre registre, la ministre congolaise de la Culture, arts et patrimoines a rappelé que les pays européens où se produisent généralement les artistes musiciens congolais, étant partie prenante aux divers traités de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), ont l’obligation de protéger et de promouvoir la rumba, inscrite au patrimoine immatériel de l’humanité, sous peine de se rendre coupable de crime contre le patrimoine commun de l’humanité.
Lors de son séjour à Rome en Italie, en juillet 2021, Mme Catherine Kathungu a représenté ses collègues africains en charge de la culture, arts et patrimoines au sommet des ministres en charge de la culture du G20. En marge des rencontres du sommet, elle avait évoqué la question de la protection des artistes musiciens congolais sur les scènes européennes et une coopération entre États pour leur production.
« Nous avions convenu en bilatérale avec chaque collègue ministre de ces différents pays que la protection des artistes musiciens congolais devait être inscrite dans l’agenda de priorité d’un nouveau partenariat dans nos coopérations en matière culturelle et artistique », a-t-elle dit.
Selon Mme Kathungu, « ce nouveau partenariat consacre l’ouverture d’une diplomatie culturelle, avec ces pays d’Europe, qui intègre aussi bien la sécurité des artistes que la protection de leurs œuvres. Sur cette nouvelle base, nous voulons lancer le retour sur scène des culturels congolais sur le sol européen ».
La première étape de ce partenariat doit se faire en Belgique. Il est envisagé, le 30 juin prochain, une grande production aux beaux-arts de Bruxelles. Les préparatifs dans ce nouveau format évoluent normalement, a affirmé la ministre.
Des artistes musiciens congolais prévoient de se produire à Paris dans les prochains mois. L’artiste Gaz Mawete compte le faire à la maroquinerie, le 5 juin, et le groupe MPR à la Cigale, le 8 juillet.
Emmanuel Kuzamba