Le recueil de nouvelles « Le34 » de l’auteur Pat Le Gourou a fait l’objet de l’activité littéraire dénommée « Je dis critique » jeudi 21 avril au siège des éditions Miezi dans la commune de Kasa-Vubu, dans le centre de Kinshasa, a constaté un journaliste de mbbactu. La discussion se nomme « Je dis critique » car elle a vocation de se dérouler un jeudi et d’avoir comme participants les lecteurs de l’ouvrage qui en font la critique littéraire en présence de l’auteur.

Pendant environ 2 heures, l’auteur a écouté les perceptions autres que les siennes sur son livre. Discussion, débat, réponses aux questions, éclaircissement, Pat Le Gourou qui n’est pas à son premier « Je dis critique » a dit avoir appris quelque chose des critiques des autres.
« Je ne me contente pas du fait qu’on applaudisse mais je fais attention à ce que les autres disent comme remarque pour que je fasse mieux la prochaine fois », a déclaré Pat Le Gourou.
L’écrivain Rémy Mousseka, participant pour la première fois à cette activité littéraire, a félicité l’initiative des jeunes qui fait rayonner la littérature congolaise. Cette activité littéraire est à l’origine une initiative des membres de l’Association des jeunes écrivains du Congo (Ajeco).
« C’est une très bonne initiative des jeunes congolais. A un certain moment, on avait l’impression que la littérature avait disparu au pays. Nous devons habituer les jeunes congolais à la culture livresque, l’intelligence est cachée dans la lecture », a-t-il estimé.
Auteur de plusieurs publications littéraires au début des années 2000, Rémy Mousseka a aussi dit son appréciation pour le livre “Le34”. « J’ai vu sa littérature croisée par endroit la poésie classique, ça fait rehausser le niveau, c’est très beau », a-t-il dit.
Les langues nationales pour vendre la culture congolaise

Des écrits en lingala ou en kikongo se mélangent avec ceux écrits en français tout au long du livre. Pat Le Gourou qui se donne pour objectif de faire évader le lecteur dit ne pas vouloir traduire ces mots, pour vendre la culture de son pays. C’est un des reproches qui lui ont été faits, lui demandant de traduire ou de faire un lexique pour explication à ceux qui ne comprendront pas le lingala ou le kikongo.
« Vendre la culture, pour moi, c’est écrire dans nos langues, surtout ne jamais les traduire. Je pense que je mettrai désormais des bribes des phrases en lingala, kikongo, swahili, mais je me suis donné le devoir de ne jamais les traduire, de sorte que celui qui veut comprendre ce qui est dit dedans, qu’il vienne vers le Congo. C’est comme ça qu’il pourra nous découvrir », a estimé Pat Le Gourou.
Le livre « Le34 » est une suite de six nouvelles, des récits de fiction court, en prose, centré sur un seul événement chacun, et avec des chutes surprenantes. L’auteur s’inspire de la vie quotidienne à Kinshasa. Des scènes se passent dans le transport en commun, il raconte la délinquance des jeunes, le comportement des policiers et bien d’autres sujets. Ce qui fait qu’il lui a été reproché le fait d’être très local.
« Œuvre très locale, cela veut dire qu’elle est réussie. La difficulté, c’est de raconter les choses de tous les jours. Prendre ce que tout le monde dit et le raconter, il faut y mettre de l’art. Les gens pensent que ça freine l’imaginaire, pas du tout », a répondu Pat Le Gourou.
Le déroulé de certaines scènes a été interprété comme des accusations à des catégories des gens qui peuvent être identifiées réellement à Kinshasa.
« Je ne sais pas si ce sont des accusations, mais si ça sonne accusation, qu’est-ce que vous voulez que je dise ? La vie, c’est comme ça, il y a ceux qu’on accuse et ceux qu’on n’accuse pas. Ce sont les réalités de chez nous. Actuellement, si tu croises un policier la nuit, ce n’est pas un motif de sécurité », a par ailleurs déploré l’auteur.
Pat Le Gourou se définit comme l’élan qui prend la peau des lettres, pour se livrer au lecteur et l’emporter ailleurs ; en ces lieux où l’âme flirte avec l’écriture. Il est l’auteur d’autres livres tels que « Boya », « Actu-poésie, l’info dans la rime » ou « Inspiration, poèmes insufflés ».
Emmanuel Kuzamba